Christian MONTES
Université Lumière Lyon 2
christian.montes@univ-lyon2.fr
Université(s) et établissement(s) porteurs : Université Lumière Lyon 2 et Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat
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Le parcours « Villes en tension(s) » propose des éléments de réflexion et des outils pour appréhender, étudier et orienter les diverses configurations urbaines issues des articulations entre formes, flux et risques, à différentes échelles spatiales, qui impliquent liaisons comme tensions. Cette approche s’intéresse donc aux modalités par lesquelles la société agit sur les tensions et les liens qui travaillent la ville, et autant aux dimensions matérielles des phénomènes observés qu’à leurs représentations sociales.
Les interactions entre formes et flux, aréolaires et/ou réticulaires, sont constitutives de la ville. Le formidable développement des villes au cours des dernières décennies a toutefois engendré un changement d’échelle, générateur de tensions multiples. Le développement spectaculaire des flux et des mobilités de toutes natures a largement modifié les formes de la ville héritée, dans ses dimensions horizontale et verticale. Réciproquement, les évolutions des formes urbaines ont transformé les mobilités des ménages, les flux d’échange de biens, de fluides, d’informations et les réseaux associés, et, plus largement, les logiques spatiales (ex. : la localisation résidentielle) dans les espaces urbanisés devenus protéiformes.
Les tensions entre formes et flux apparaissent nettement dans la dimension horizontale des villes, à travers les figures de la ville étalée ou éclatée. Les liens d’interdépendance entre mobilité automobile et étalement urbain, entre mobilité résidentielle et habitat individuel sont complexes, et non dénués de paradoxes : l’automobile par exemple n’est pas la principale cause de l’étalement urbain, et les périphéries des villes ne sont pas incompatibles avec le développement durable.
Les tensions entre formes et flux apparaissent aussi dans la concentration des populations et des activités dans des métropoles de plus en plus importantes et de plus en plus segmentées. Cette segmentation se traduit par une densification et une intensification urbaines, qui se manifestent particulièrement dans la dimension verticale du cœur des villes, comme en atteste le développement des tours, devenues des infrastructures clés de la métropolisation (alors qu’on détruit celles issues de l’habitat social dans les périphéries). Par ailleurs, à travers la densification, de nouvelles articulations et de nouvelles tensions se nouent entre formes et flux, favorables aux déplacements de faible distance.
En même temps que la capacité à planifier et à contrôler le développement urbain s’est trouvée mise en question, les sociétés (en partie) sont devenues de plus en plus conscientes de phénomènes indésirables, souvent dangereux, engendrés par ce développement, créant une « société du risque ». Le passage de la tension à l’accident, voire à la catastrophe, n’est souvent qu’une affaire d’accumulation incontrôlée d’initiatives collectives et individuelles, qui va provoquer une discontinuité fonctionnelle. Il s’agit d’étudier les risques urbains – environnementaux, sociaux, systémiques… – tout comme les conditions sociales de leur émergence, de leur saisie (parfois, de leur maîtrise) et de leur « acceptabilité ».
Le parcours VET décline la problématique générale de la mention selon trois entrées (les formes urbaines, les flux de personnes, d’énergie et d’information, les risques) illustrant le caractère « en tension » des éléments qui composent la ville contemporaine. Un accent particulier est mis sur les dimensions réseau (transports, VRD…) et risque (naturel, technologique, NaTech, social…).
Les professionnalités visées sont celles affichées par la mention Ville et Environnements Urbains dans son ensemble, qui vise à former des professionnels de l’urbain dans ses multiples dimensions (analyse à la conduite de l’action, avec de nouvelles compétences pluridisciplinaires, reconfigurées et élargies).