Appel à communications Journée d’études « Humanités numériques et histoire du Grand Paris «
Journée d’études organisée par le collectif « Inventer le Grand Paris » le 14 septembre prochain dans le cadre de la semaine du Labex futurs urbains.
La thématique de cette journée – Humanités numériques et histoire du Grand Paris – est en relation avec l’ouverture prévue au printemps 2017 du site Inventer le Grand Paris.
Constitué en 2012, le collectif de recherche interdisciplinaire « Inventer le Grand Paris »[1] a organisé de 2013 à 2016 quatre colloques internationaux consacrés à l’histoire de la métropole parisienne au XXe siècle. Il s’agissait à la fois de revenir sur les grands repères historiques, cartographiques et urbanistiques de l’histoire du Grand Paris et de proposer une histoire croisée de la métropole au regard d’autres histoires métropolitaines comparables voire connectées avec elle.
L’importance des informations recueillies, les nombreuses pistes de recherche qu’elles ouvrent mais aussi la résonance entre les problèmes du passé et ceux du Grand Paris du XXIe siècle ont conduit le collectif Inventer le Grand Paris à proposer une valorisation de ses travaux sous une forme numérique, permettant leur repérage à partir d’entrées multiples sur les moteurs de recherche (lieux, dates, thèmes, noms propres, etc.) ainsi que le développement de nouvelles recherches sur le sujet dans et hors du collectif. Cette valorisation prendra la forme d’un site internet « Inventer le grand Paris /Regards croisés sur les métropoles » qui sera ouvert au printemps 2017. Les données seront hébergées sur la très grande infrastructure de recherche (TGIR) Huma-Num. Ce site rendra accessible les actes des quatre colloques sur l’histoire croisée des métropoles, publiera l’actualité des carnets et projets de recherche relatifs à cette histoire, mettra à disposition des sources utiles et difficilement accessibles. Une première campagne de rassemblement et de numérisation d’« archives du Grand Paris » devrait démarrer au second semestre 2017. A la fois lieu d’édition des travaux contributifs du programme Inventer le Grand Paris, portail d’hébergement pour des recherches à venir, guide de ressources historiques, le développement de ce site croise donc la problématique des humanités numériques appliquées à l’histoire urbaine, l’architecture et l’urbanisme.
Le champ de l’histoire urbaine a de fait participé très tôt au développement des humanités numériques. Plusieurs raisons expliquent cette présence. En premier lieu, l’histoire urbaine a été pour partie une histoire quantitative, mobilisant les capacités de calcul des ordinateurs, soit qu’il s’agisse d’historiciser les réflexions géographiques sur l’armature urbaine (Marcel Roncayolo, Bernard Lepetit,…), soit qu’il s’agisse de mesurer les mobilités dans la ville (Jean-Luc Pinol,…) et plus largement l’histoire des groupes sociaux urbains (Florence Bourillon, Jean-Paul Burdy, Jean-Pierre Chaline, Alain Faure, Maurice Garden, Gérard Jacquemet, Frédéric Saly-Giocandi, Claire Zalc, etc.). Cette veine quantitative ne s’est pas tarie comme l’attestent les nombreuses manières de « mesurer la ville » (Histoire et Mesure, vol. XIV-XV) En second lieu, l’histoire urbaine est par nature une histoire spatiale qui interroge les usages numériques de la cartographie et des SIG « géo-historiques » (Jean-Luc Pinol) en proposant une géolocalisation rétrospective (Frédéric Moret, Virginie Capizzi, Hélène Noizet et projet Alpage, Venice time machine, Dictionay of Sydney, etc.) ou des atlas urbains interactifs (Paris à la carte, …). L’histoire de l’architecture et de l’urbanisme a su également valoriser des fonds iconographiques exceptionnels acclimatant l’idée d’expositions ou de musées virtuels, qui permettent de valoriser des fonds d’architectes ou de photographes mais aussi d’être utilisés comme modalités permettant de rendre compte par la réalité augmentée de nouvelles problématiques de recherche ou d’enseignement (Carola Hein). La dématérialisation des archives (par exemple les recensements de population mis en ligne par les services d’archives départementales) ouvre aussi des possibilités de recherche significatives qui sont autant de questions pour l’archiviste et l’historien : que signifie l’ouverture des archives d’une ville (Vincent Lemire et le projet Open Jerusalem) ? Pour autant, le retour sur expérience est loin d’avoir été engagé, pas plus que la confrontation entre les usages inter-disciplinaires (architecture, urbanisme, histoire urbaine, etc.) ou intra-disciplinaires (histoire urbaine et histoire économique et sociale, histoire des représentations, histoire visuelle…) des humanités numériques.
C’est pour nourrir cette réflexion et partager un « work in progress » avec les chercheurs impliqués dans des chantiers similaires existants ou en cours de réalisation, que nous proposons d’organiser une rencontre scientifique sous la forme d’une journée d’études, qui se tiendra dans le cadre de la semaine du Labex Futurs urbains, qui soutient le projet depuis 2013.
Il s’agira en premier lieu de de revenir sur les expériences de sites ou des projets de sites dédiés aux histoires métropolitaines ou aux différentes formes d’usages numériques appliqués à l’histoire urbaine. Il s’agira aussi de questionner le traitement et la gestion des matériaux (cartes, plans, textes, archives,…) et des liens électroniques qui constituent la matière scientifique de ces sites. Il s’agira enfin de comprendre comment l’outil numérique peut être à la fois un instrument de valorisation et de production de la recherche. Comment sur un sujet sensible comme le Grand Paris proposer des formes d’interactivité, de processus collaboratifs tout en conservant le contrôle scientifique nécessaire sur le contenu du site ? Comment présenter scientifiquement les documents mis en ligne tout en respectant les attentes des producteurs (centres d’archives, institutions dépositaires des fonds documentaires ou iconographiques) ? Comment gérer les problèmes d’inaccessibilité de certains documents (droits réservés ou incompatibles avec le budget de recherche) pourtant centraux pour le projet ? Comment articuler la nécessité d’une gestion scientifique du site (sur le modèle d’un comité de rédaction) et l’opportunité d’une interactivité avec l’ensemble de la communauté scientifique internationale que permet l’outil électronique ? Comment concilier les temps de la capitalisation scientifique et ceux de son actualisation ?
Les propositions de communication ou d’intervention (tables-rondes envisagées) doivent être adressées avant le 15 avril 2017 àloïc.vadelorge@u-pem.fr. Elles devront prendre la forme d’un texte de 500 à 1500 signes maximum, donner les références éventuelles des sites qui seront utilisés dans la communication et préciser le statut professionnel et les lieux de rattachement des intervenants.
Une réponse sera donnée au plus tard le 15 mai 2017.
L’organisation du colloque prendra en charge les déplacements, les frais de bouche (midi) et l’hébergement des participants.
Comité d’organisation : Emmanuel Bellanger (Paris 1, CHS), Frédéric Bertrand (ENSAPB, Ipraus), Florence Bourillon (UPEC, CRHEC), Laurent Coudroy de Lille (UPEC, Lab Urba), Cédric Fériel (post-doctorant au Labex Futurs urbains), Corinne Jaquand (ENSAPB, IPraus), André Lortie (ENSAPB, Ipraus), Clément Orillard (UPEC, Lab Urba), Frédéric Pousin (ENSAPB, Ipraus), Nathalie Roseau (ENPC, LATTS), Loïc Vadelorge (UPEM, ACP).
Comité scientifique : Tom Avermaete (TU Delft/Faculty of Architecture and the Built Environment), Marie Aynié (Comité d’histoire de la Ville de Paris), Christoph Bernhardt (IRSBerlin-Erkner), Christiane Blancot (Apur), Karen Bowie (ENSAPV /AHTTEP), Pierre Chabard (ENSAPV/AHTTEP), Viviane Claude (Institut d’Urbanisme de Lyon/Triangle), Julie Corteville (Unité Société /Région ÎdF), Annie Fourcaut (Université de Paris 1/CHS), Isabelle Grudet (ENSAPV /Let), Michael Hebbert (The Bartlett School of Planning, UCL), Carola Hein (TU Delft/Faculty of Architecture and the Built Environment), Thibault Tellier (IEP Rennes / crape), Simon Texier (Université de Picardie Jules Verne), Rosemary Wakeman, (Fordham University Lincoln Center New York).
[1] Inventer le Grand Paris réunit au 1er février 2017 Emmanuel Bellanger (Paris 1, CHS), Frédéric Bertrand (ENSAPB, Ipraus), Florence Bourillon (UPEC, CRHEC), Laurent Coudroy de Lille (UPEC, Lab Urba), Corinne Jaquand (ENSAPB, IPraus), André Lortie (ENSAPB, Ipraus), Clément Orillard (UPEC, Lab Urba), Frédéric Pousin (ENSAPB, Ipraus), Nathalie Roseau (ENPC, LATTS), Loïc Vadelorge (UPEM, ACP). Le collectif bénéficie du soutien des labex Futurs Urbains et Dynamites. Cédric Fériel, post-doctorant au Labex Futurs urbains a été recruté pour suivre la mise en place du site internet Inventer le Grand Paris.