Chaire ODTSU
AXE 4 - Production immobilière et production urbaine : ville de demain, activités aujourd'hui
La production immobilière et plus généralement la production urbaine contemporaine ferait face aujourd’hui à un verrou limitant l’action qui se déclinerait en quatre grandes difficultés :
- l’extension aux promoteurs de prérogatives traditionnellement portées par les collectivités locales : planification et qualité urbaine, urbanisme et aménagement ;
- une forte demande en matière d’adéquation des constructions (appartements, immeubles, urbanisme et aménagements) aux modes de vie actuels et futurs – laquelle demande, émanant souvent de la commande publique ou de l’administration des collectivités, s’accompagne rarement de données précises sur ce que sont (et seront) ces modes de vie ;
- les difficiles rapports entre les publics et les acteurs de la construction, de l’urbanisme et de l’aménagement auxquelles semble vouloir pallier les pratiques de concertation. La concertation et les pratiques tentant d’établir de nouveaux rapports avec les publics urbains (participation, co-conception, etc.) constituent de nombreuses difficultés au nombre desquelles apparaissent :
- la représentativité des publics
- l’eccueil que constitue le fait de devoir penser « demain » en concertant une population « aujourd’hui » qui ne sera sans doute pas la population occupante
- la judiciarisation des rapports entre acteurs qui peut rendre risquée les positions des différents acteurs en lice (professionnels, fonctionnaires, politiques, publics urbains)
- un hiatus de plus en plus important entre d’une part les impératifs de densificationurbaines liés généralement à la résolution de problèmes environnementaux et économiques et, d’autre part, la position des publics urbains et des élus qu’ils soutiennent contre l’arrivée de nouvelles population, contre la densification.
Ces difficultés et les verrous qu’elles peuvent constituées tiennent semble-t-il aux modalités de légitimation des positions et des actions des uns et des autres. Les croyances, les idéologies, les stratégies prêtées aux uns et aux autres, les évaluations des actions « au doigt mouillé » (l’absence d’évaluation documentée sur l’action de l’ensemble des acteurs et les effets de ces actions) font office de jeux de données et de connaissances disponibles informant les décisions et les actions. Une véritable perte de confiance dans la capacité des acteurs à remplir leur mission publique (à savoir assurer la production du bien commun) ; cette situation semble se reproduire à tous les niveaux : politique (collectivités), promoteur, BE, architectes, publics (riverains, habitants, citoyens, associations, etc.)
Hypothèse de résolution de ce verrou : une méthode d’information du processus de projection. Par processus de projection, comprendre cette activité à l’échelle de tous les acteurs – ceux qui projette des constructions à venir et ceux qui se projettent dans ce qui devrait se construire. Cette méthode s’appuierait sur une forme de monitoring de la « morphologie urbaine » c’est-à-dire de l’ensembles des plans qu’implique la vie urbaine (construction, dispositifs techniques et spatiaux, sociologie et démographie des populations, économie et activités, droits, environnement, etc.).
Ce monitoring s’appuierait sur les opérations immobilière et d’aménagement urbain impliquant simultanément des opérations passées, en cours, à venir. Il s’actualiserait et s’enrichirait toujours, permettant de la sorte d’amplifier les jeux de données disponibles pour chaque opération immobilière et d’aménagement. Il s’agirait de produire un système d’information fonctionnant comme un « objet intermédiaire » (simulant ou modélisant la réalité et les possibles ouverts) permettant d’informer les processus de projection à chaque étape des projets immobilier et d’aménagement en cours.
Il existe déjà des solutions BIM (Building Information Modeling), mais elles restent limitées aux jeux de données techniques, de gestion de projet). Il s’agirait, dans l’activité de la chaire, de proposer un véritable « objet intermédiaire » qui s’étendrait aux jeux de données sociales, économiques, politiques, morphologiques en incluant l’expérience et les connaissances disponibles des projets passés, en cours et à venir.
Il s’agirait plutôt d’augmenter les performances des « configurateurs » actuellement disponibles et à la disposition de tous les publics. Ces « configurateurs augmentés » devaient garantir les données mobilisées pour rendre disponible des faits, des prévisions, des évaluations sur les effets sociaux, économiques, politiques, environnementaux, techniques, organisationnels, etc. à partir des opérations réalisées (valuation de faits), en cours et à venir (valuation de prévisions).
Cet « objet intermédiaire » capable de simuler des « possibles » tout en montrant les effets des réalisations, permettrait de valoriser en les capitalisants les multiples jeux de données disponibles sur l’urbanisation. Ce monitoring permettrait de mobiliser et de constituer ces jeux de données en informations projectives localement à l’échelle des opérations immobilières et d’aménagement : jeu de données environnementales sur l’état des pollutions (sol, air), jeu de données économiques, sociales, jeu de donnée sur les typologies et morphologies urbaines, etc. Cet objet intermédiaire serait de fait capable d’informer chaque projet des évolutions environnementales, morphologiques, sociologiques, économiques, politiques etc. que leurs réalisations provoqueraient selon les choix de conception et d’investissement opérés. Concrètement il s’agirait d’un outil de « monitoring urbain », permettant de suivre les opérations passées (qui permettent de disposer de jeux de données expérimentale), en cours (jeux de données sur les incertitudes et les modes opératoires de la fabrication, sur les rapports aux publics), à venir (jeux de données sur la capacité projective des acteurs enrôlés dans les opérations). Cet outil serait constamment actualisé par le suivi opérationnel, il participerait de méthode de conception par scénarii sur des possibles désirés qui viendraient informer les différents configurateurs à disposition des acteurs urbains.