Appel à communications – Congrès de la Société Française d’Histoire Urbaine (SFHU) « Archives urbaines »
Le prochain congrès de la SFHU – Société Française d’Histoire Urbaine – se déroulera les 24-25 janvier 2019 à Créteil
Les propositions de communication sont à adresser avant le 15 octobre 2018
Convaincue de l’importance de l’approche historienne de la ville pour répondre aux défis du XXIe siècle, la SFHU souhaite se pencher sur les « archives urbaines ». Formant les sources de l’histoire des villes, celles-ci peuvent être également considérées comme objets d’histoire. Qu’elles soient publiques, municipales, d’État ou privées, de cabinets d’urbanistes ou d’architectes, de syndicats techniques, d’associations de locataires ou de résidents, de défenseurs du patrimoine ou de l’environnement ou tout simplement de citadins, la diversité de leurs supports et de leurs contenus mais aussi des conditions de leur production, de leur conservation et de leurs usages mérite que l’on s’y arrête. Plus largement, la ville, dans sa matérialité, est parfois assimilée à une archive à travers le bâti, la rue, les espaces publics et privés, la toponymie ou les mémoires individuelles de ceux qui l’habitent ou l’administrent. Aussi paraît-il indispensable de cerner l’ensemble complexe et diversifié des archives urbaines, de faire l’histoire de leur production, de leur conservation et de leur circulation, afin de les replacer dans leur historicité et rétablir les strates de leur composition. Mises à la disposition des décideurs et des citadins, elles participent de la gouvernance et du changement urbain.
Un premier objectif de ces journées concerne la constitution des archives urbaines. Tous les documents produits sur la ville, dans la ville, par la ville ne sont pas nécessairement archivés : s’opère une sélection qui résulte de choix individuels et collectifs, scientifiques et pratiques, sociaux et politiques. Les vifs débats actuels à propos des archives soulignent à quel point il importe de réfléchir aux critères qui président à la conservation et l’archivage de certains documents et à l’oubli d’autres, et de penser les pratiques qui en résultent. Il convient de s’interroger aussi sur les personnes et les institutions qui produisent ces archives et sur la diversité des configurations administratives et politiques qu’elles recouvrent. Au-delà des situations habituelles, les moments de grandes ruptures de l’histoire des villes (catastrophes naturelles, incendies, bouleversements géopolitiques, guerres, révolutions, etc.) mettent souvent en péril les archives et cristallisent les discussions à leur sujet : la réflexion gagnera à ce qu’ils soient évoqués.
Un second objet d’analyse touche les enjeux de leurs usages. Lors des grandes phases de transformation ou de reconstruction des villes, les archives sont régulièrement mobilisées. On en produit certaines (campagnes photographiques, enquêtes foncières ou sociales), on en mobilise d’autres, qu’au besoin on reconstitue. L’accès aux archives n’est pas le même pour tous et ne l’a pas toujours été. Que ce soit d’un point de vue légal ou pratique, celui-ci peut constituer en lui-même un enjeu. Comment faire l’histoire de ces usages et que nous apprend-elle sur le caractère politique des archives ? Comment les différents types de corpus, archives publiques ou privées, archives nationales ou locales, archives écrites ou orales, archives des événements ou longues séries relatives par exemple au fonctionnement des institutions locales, constituent-ils la base d’une compréhension complexe du fait urbain ?
En troisième lieu, signalons que la notion d’archives urbaines s’avère polysémique. Sans revenir sur leur diversité typologique, on constate que l’expression est parfois utilisée dans un sens restreint, comme synonyme d’ « archives des villes », c’est-à-dire « produites par les autorités urbaines », et parfois dans une acception beaucoup plus large, comme équivalent de « documents relatifs au phénomène urbain ». Voire, la ville elle-même est parfois présentée comme sa propre archive. Est-ce seulement l’effet de l’avènement de la notion de patrimoine urbain au cours du XXe siècle ? Jusqu’où peut-on donner suite à cette métaphore ? La ville n’a en effet pas vocation à être systématiquement inventoriée, conservée et fixée comme le sont les fonds d’archives. Certains historiens d’art, géographes, archéologues préfèrent d’ailleurs utiliser d’autres images : les strates, le palimpseste, la ville comme « livre de pierre » ou même comme texte etc., finalement tout aussi discutables. Par une approche réflexive sur les spécificités des archives « de ville », il peut être intéressant de revenir sur ce type d’homologie.
La SFHU, soutenue par l’UPEC (CRHEC et Lab’urba), le collectif « Archival City », le GT Usages de l’histoire et devenirs urbains du labex Futurs Urbains, et les Archives départementales lancent cet appel à communications dans une approche essentiellement pluridisciplinaire et ouverte à toutes les périodes historiques et à tous les champs géographiques pour un congrès qui se tiendra les 24 et 25 janvier prochains aux Archives départementales du Val-de-Marne, 10, rue des Archives 94000 Créteil. Les interventions dureront 20 mn.
Les propositions de communication, en français ou en anglais, comporteront un titre et un résumé d’environ 1500 signes, ainsi que les coordonnées de l’intervenant (nom, prénom, fonction et rattachement institutionnel, courriel, adresse postale). Elles devront être adressées avant le 15 octobre à bourillon@u-pec.fr et à laurent.coudroydelille@wanadoo.fr .
Comité scientifique : outre les membres du comité d’organisation, Laurence Buchholzer, Natacha Coquery, Jean-Pierre Guilhembet, Judith Rainhorn, Thibault Tellier, Mélanie Traversier, Boris Bove, Youri Carbonnier, Catherine Denys, Stéphane Frioux, Laurence Jean-Marie, Frédéric Moret, Jean-Luc Pinol, Dominique Poulot, Olivier Ratouis, Charlotte Vorms.
Comité d’organisation : Jérôme Bazin, Florence Bourillon, Marie-Andrée Corcuff, Laurent Coudroy de Lille, Vincent Lemire, Giuliano Milani, Virginie Mathé, Denis Menjot, Clément Orillard, Loïc Vadelorge.