Chaire de recherche collaborative "Habiter ensemble la ville de demain" - Axe 2

Habiter les tours : production, représentations, modes de vie, France, Royaume-Uni

Londres 2016 – © Manuel APPERT (EVS UMR 5600)

Les solutions architecturales et urbanistiques proposées dans le cadre du renouvellement urbain ou d’opérations immobilières sur des marchés tendus en France, reposent très largement sur une typologie d’immeubles collectifs relativement bas organisés en îlots ouverts. Les tours sont exclues des choix sur le territoire national alors même que les autres pays européens ont cumulativement approuvé plus de 350 projets (Emporis, Appert, 2012) ou, qu’ailleurs et notamment au Brésil, la tour résidentielle est une des solutions privilégiées. Selon les territoires, les tours sont justifiées pour accommoder une forte croissance urbaine et/ou un développement durable par l’accroissement des densités.

Contenu :

Après une caractérisation des projets validés au Royaume-Uni et, sous réserve d’obtention d’un financement complémentaire, au Brésil, il s’agira d’interroger l’exclusion de ce choix architectural en France par la recension et l’analyse des stratégies des acteurs de l’immobilier, ainsi que des représentations dont font l’objet les tours résidentielles sur le territoire national, que ce soit chez les praticiens, les acteurs de l’immobilier que chez les habitants et résidents des tours. Il s’agira ensuite d’étudier plus spécifiquement l’habiter (habitat, mobilité, sociabilité, usages des espaces) dans les tours résidentielles du parc privé et social à partir de plusieurs études de cas. Enfin, les contraintes règlementaires et les contextes techniques et économiques associées à la production de l’habitat vertical seront analysées pour comprendre leurs incidences sur, d’une part, les stratégies des acteurs immobiliers et d’autre part, les modalités d’occupation et d’usage par les résidents. Les études de cas envisagées porteront sur des réalisations contemporaines impliquant le partenaire GFC/Bouygues à Londres et Lyon, ainsi que sur deux études de cas de logement social, les tours de la montée de l’observance, à Lyon, ainsi que d’un grand ensemble de l’est de la capitale britannique.

Thèses :

Thèse de doctorat : Louise DORIGNON "Rythmes et territorialités des tours à Melbourne" sous la direction Christian Montès et Manuel Appert.

Thèse de doctorat démarrée en septembre 2017 : Geoffroy MOLLÉ  "La ségrégation spatiale en 3D : entre représentations et pratiques de la verticalité résidentielle à Paris, Lyon et Marseille" sous la direction de Manuel Appert
Ce travail entend contribuer aux recherches sur le retour des tours résidentielles dans les villes françaises. Il est proposé d’analyser les manières d’habiter des résidents de ces nouvelles tours, livrées dès 2016.
S’il est récent en France, le processus de verticalisation résidentielle débute dans les années 2000 dans de nombreuses métropoles européennes (Appert, 2016). Dans la perspective d’une nouvelle géographie de l’architecture proposée par J.Jacobs (2005), nous envisageons la tour résidentielle comme un dispositif technique et symbolique exclusif, destiné et approprié par les catégories sociales privilégiées des métropoles. Ces tours peuvent donc être considérées comme un des postes d’observation de la dimension spatiale des pratiques et représentation des élites des métropoles. Nous posons alors comme hypothèse que la tour donne à ses occupants la possibilité de se séparer, se distinguer mais aussi de se connecter et d’acquérir une plus grande maîtrise de l’espace urbain.

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Melbourne - ©Louise Dorignon