Chaire de recherche collaborative "Habiter ensemble la ville de demain" - Axe 3

La régulation politique du logement social et du peuplement dans les villes : regards comparatifs

L’axe 3 a pour objectif de mieux comprendre les recompositions qui affectent les modes de régulation politique dans le champ du logement et du peuplement. Si ces recompositions seront avant tout saisies à l’échelle des villes ou des agglomérations, l’enjeu sera ici d’articuler différentes échelles d’analyse et de comprendre comment se reconfigurent les politiques du logement, en particulier comment elles font appel à des échelles – et donc des acteurs – différentes et imbriquées, du national (et au-delà) au local. La montée en puissance – souvent contrariée, et dans tous les cas très différenciée selon les scènes locales – d’un échelon intercommunal de régulation dans le contexte français pourra ici être comparée avec les évolutions observables dans d’autres configurations nationales.

Les questions porteront sur :

Les transformations des politiques du logement social.
Dans de nombreux pays européens, ces politiques ont connu des réformes substantielles depuis les années 1970-80, et bien souvent une réorientation plus ou moins forte dans un sens néolibéral et également dans le sens d’une autonomie accrue du local. Il s’agira donc ici d’apprécier les modes de construction d’une capacité d’action collective des villes dans le champ du logement (notamment social) et du peuplement, et la marge de manœuvre des acteurs urbains pour « inventer » de nouvelles politiques.

La façon dont la question du peuplement urbain est représentée (notamment via des catégorisations des publics selon des critères ethniques ou de classe) et mise en actes par les acteurs des politiques du logement et de l’habitat dans des contextes urbains et nationaux différenciés. On s’interrogera en particulier sur la manière dont la « mixité sociale » ou la lutte contre la ségrégation sont construits ou traduits en enjeux de l’action publique au niveau local, et articulés à la question de la lutte contre les discriminations : peut-on identifier des « politiques urbaines de peuplement », affirmées ou implicites, recourant notamment à l’instrument qu’est le logement social et que sont les attributions ?

Les transformations des politiques et pratiques d’attributions des logements sociaux seront scrutées spécifiquement et comparées sous différents angles : leurs objectifs, leurs instruments (attributions « à la française », choice based lettings systems, etc.), leurs effets voulus et avérés sur le peuplement urbain.

La façon dont l’action publique, non seulement entend lutter contre des formes de ségrégation, de discrimination, de catégorisations (ethniques, de classe…) ou d’inégalités, mais aussi dont elle en produit, fera également l’objet d’une analyse.

 

Les terrains d'études :

Le choix des terrains nationaux retenus demandera à être confirmé au terme de la phase exploratoire (6 premiers mois). A ce stade, trois études de cas sont privilégiées :
- français,
- britannique (pour l’ampleur des réformes néolibérales du logement social depuis 1979 - gouvernement Thatcher)
- néerlandais (emblématique d’une tradition universaliste du logement social tout en étant marqué par des réorientations dans un sens moins universaliste depuis les années 1990).

Ces pays se caractérisent aussi par des conceptions différentes de la société et de ses rapports à l’Etat, de l’Etat-Providence, et des relations citoyenneté/ethnicité, ce qui rendra la comparaison fertile.

Au sein de chaque configuration nationale, le choix des villes pourra être orienté par le souci d’identifier des actions particulièrement innovantes et a priori intéressantes dans une perspective de renforcer le « bien vivre ensemble dans la ville de demain ».