Éditorial mars 2021

En avril 2021, IMU aura tout juste 10 ans. La question urbaine, l’urbain généralisé et l’urbanisation planétaire, caractéristiques de l’ère anthropocène, n’ont jamais été autant d’actualité sur les plans de la santé, de l’écologie, de l’économie, de la politique et plus généralement de la transition et des actions afférentes face aux changements en cours et déjà bien avancés. Ecologie, inclusion, inégalités, luttes urbaines, ségrégation socio-spatiale, migrations, surveillance, monitoring,  disponibilité et publicité des données, climat, îlots de chaleur, alimentation, énergie, eau, santé, consumérisme, gaspillage, pollutions et déchets, démocratie, populisme, obscurantisme… l’actualité est lourde du théâtre urbain de nos sociétés hyperindustrielles.

Les défis sont aussi grands que diversifiés, sur tous les fronts des activités humaines et urbaines. Le changement en cours est global. Il n’épargne aucune échelle, aucun secteur, aucune strate. Il appelle plus que jamais à l’exercice de la pluralité scientifique et technique pour faire face à la complexité des problèmes que les sociétés humaines doivent résoudre simultanément. La science est plurielle et autorise la multiplicité des points de vue et des sources de connaissances. L’exercice de la pluralité scientifique et technique doit permettre la circulation des informations rendues disponibles par chaque discipline à l’ensemble des autres. Cette circulation de l’information entre les disciplines est nécessaire pour que chacune des disciplines innovent dans son champ propre et re-problématisent ses propres acquis. Cette circulation de l’information peut largement profiter de l’accélération des sciences et techniques numériques qui s’étendent à tous les champs scientifiques (production de données, monitoring du changement, surveillance, visualisation et schématisation de la réalité observable et numérisable).

Cet exercice de la pluralité peut se radicaliser en s’ouvrant aux pratiques et savoirs de l’action en se saisissant des questions et problèmes que peuvent adresser à la recherche, les collectivités territoriales, les acteurs économiques et les publics urbains.

Devant tous ces défis, la recherche se doit d’être à l’œuvre concrètement pour œuvrer aux solutions techniques et pratiques, pour dissiper les brumes idéologiques et les croyances de tout ordre, afin de donner les éléments permettant d’élaborer les décisions et actions en connaissance de causes, voire de conséquences.

Les communautés scientifiques doivent plus que jamais se mobiliser sur le champs urbain pour le bien commun. Pour ce faire elles pourraient se tourner aussi vers l’action et la pratique de manière à orienter positivement les changements en cours. Il en va de l’agilité des sciences à répondre aux défis sociotechniques face au changement global. Le LabEx IMU, promoteur de l’exercice de la pluralité scientifique, souhaite au travers de ses studios et de ses activités devenir l’un des artisans de ce décentrement des sciences.

Pr Jean-Yves TOUSSAINT, Responsable Scientifique et Technique
Pr Gilles GESQUIÈRE, Directeur