Exposition photos "L'émergence de la ville de demain"

Conçue dans son accointance avec les trois sous-thématiques du colloque, « orienter », « former » et « partager », l’exposition articule les regards de 5 chercheurs-photographes, réunis autour de m’émergence.

Stimulée par les villes qu’ils/elles connaissent, est distillée une réflexion photographique sur le changement des milieux urbanisés. La « ville de demain » ne revêt pas qu’une existence imaginaire, symbolique, mais s’annonce concrètement dans le bouleversement de la morphologie socio-spatiale des villes. Ses fondations sont déjà-là et ses signaux tangibles sont visibles. En cadrant « l’émergence », les chercheurs-photographes orientent le public sur des points de vigilance, relatifs à des débats complexes sur l’avenir des milieux urbanisés. Car si la figure de la « la ville de demain » s’accompagne d’innovations en termes de fabrique spatiale et de pratiques sociales, ne se réinvente-t-elle pas en recyclant les modes de faire et les usages d’hier ? La « ville de demain », n’est-ce pas encore l’incertitude, ce qui n’est pas advenu et qui n’adviendra pas, ce que l’on ne voit pas et que l’on ne peut prévoir ? L’exposition a pour ambition d’inter-relier les questionnements liés aux enjeux de la « ville de demain » en composant un dialogue thématique entre plusieurs points de vue. Elle vise à (in)former le public, par des images issues des travaux de recherche multi-situés. Dès lors, la photographie devient l’outil pédagogique d’une saisie de l’« émergent », figé dans l’instant. Or bien qu’elle apparaisse comme un arrêt sur image, une parenthèse, la photographie énonce, plus encore, le processus à l’œuvre. Plus que l’« émergent », c’est l’ « émergence » qui s’exprime à travers les clichés des chercheurs-photographes. Car le changement qui est là, illustré par l’image, est déjà advenu au moment de sa lecture, tout comme il continue de se dérouler au présent, et à l’avenir. La représentation de « l’émergence de la ville de demain » suggère une tendance et en brosse brièvement les horizons, pour stimuler encore les réflexions et les actions.

Manuel APPERT (ENSAL, EVS) 

« Reconstruire les périphéries urbaines de Londres : modèles spécifiques ou reproduction de solutions architecturales et urbaines ? »

Cette sélection de photos entend rendre compte du renouvellement urbain dans les périphéries métropolitaines en s’appuyant sur le cas de Londres. Manuel Appert interroge les modèles explicites ou implicites mobilisés par les acteurs de la fabrique de la ville pour transformer ces espaces jugés insuffisamment denses. Les périphéries industrielles ou pavillonnaires se distinguent du cœur métropolitain par leurs formes et fonctions. Pourtant, les solutions architecturales et urbaines déployées révèlent de simples déclinaisons de modèles déja éprouvés dans le cœur métropolitain.

 


Oscar BARNAY (UJM, ENSASE, CIEREC, GRF Architectures & transformations)

« La photographie comme outil du projet architectural : pour une transformation des lieux industriels déshérités hérités. Le cas de la vallée de l’Ondaine »

La ville de demain émerge à partir de celle d’hier. Dans les villes post-industrielles, le déjà-là représente plus qu’une simple donnée de projet, il constitue le socle fécond de propositions articulant la justesse et le localisme. La série proposée résulte d’une phase d’arpentage photographique du territoire des communes de Fraisses, Unieux et Firminy, préalable au travail de projet. Elle vise à saisir la réalité sensible et architectonique de lieux radicalement transformés ces dernières décennies. Ainsi, bien que les schémas historiques persistent, leurs traces se délitent dans l’espace vécu du promeneur.

 


Guénola INIZAN (Université Lumière Lyon 2, EVS)

« Un centre-ville en chantier : matérialités du renouvellement urbain moscovite »

La série proposée dans le cadre de cette exposition donne à voir des chantiers en cours ou tout juste achevés du centre-ville de Moscou à l’ère Sobianine, maire depuis 2010. Promues par un discours municipal prônant une ville « agréable », le renouvellement du centre-ville est ici envisagé non comme un processus lisse ou un projet attractif, mais comme une production humaine et matérielle, une « émergence » d’un Moscou de demain révélant des tensions entre projets et héritages, chantiers pérennes et installations temporaires, usages et aménagements.

 


Marina SAPUNOVA, Vitaly STADNIKOV (Moscow HSE Graduate School of Urbanism)

« Banlieues d’hier, villes de demain »

Le développement des banlieues de Moscou s’appuie sur le dynamisme économique et le marché du travail de la capitale. L’influence sur ces banlieues de ce gigantesque territoire urbanisé s’y manifeste aussi par l’émergence d’importants déséquilibres spatiaux.  Les champs à la périphérie des villes sont remplacés par une urbanisation verticale, des aires résidentielles privées se développent. Ces résidences remplacent les villages et les datchas, révélant un changement radical dans la construction de l’environnement bâti. Cette série de photographies se concentre sur deux récits liés et parallèles qui émergent dans ces banlieues. D’un côté, la morphologie devient hybride, mêlant hautes et basses densités de bâti. De l’autre, la gouvernance du territoire se transforme sous l’effet de la multiplication des propriétaires. La ville émergente soulève diverses questions, comme celle de la propriété, essentielle pour interpréter et comprendre les transformations urbaines. La photographie les éclaire ici au-delà des données objectives.

 


Geoffrey MOLLÉ (Université Lumière Lyon 2, EVS) 

"La vie d’un paysage urbanisé : points de vue domestiques des hauteurs de Lyon"

La ville de demain est une expérience corporelle, sensorielle, relative à un cadre spatio-temporel spécifique. Elle est donc un point de vue. La série représente les paysages de Lyon selon les saisons, les heures, des lieux variés, et confère aux évolutions des milieux urbanisés une dimension habitée, quotidienne. Prises en hauteur depuis des tours d’habitation, les photographies révèlent l’ambiguïté de l’émergence, dont les signes concrets s’élèvent en silence, jour après jour, dans un paysage à l’apparente permanence. Par un arrêt sur image, elles  stoppent le cycle et la chronologie du temps.