Portrait de chercheur

Rencontre avec Vincent Jaillot, doctorant au LIRIS et Mentor pour les Savanturiers des villes

©Fabien Hobart

En 2017, IMU signe un partenariat avec les Savanturiers, L’école de la recherche pour mettre en place les Savanturiers des villes à destination des classes de l’Académie de Lyon. L’idée est de permettre aux classes qui le souhaitent d’explorer l’évolution des mondes urbains et bénéficier d’un parrainage scientifique d’un chercheur – appelé Mentor – qui transmet ses connaissances mais aussi ses méthodes.


 

Vincent Jaillot est doctorant IMU au LIRIS dans le cadre du projet FAB-PAT. Il développe des algorithmes et des structures de données liés à la modélisation géométrique. Ses travaux de recherche portent sur la modélisation numérique de données urbaines 3D évolutives et sur leur enrichissement avec des données multimédias, avec comme cas d’application le partage et la fabrique du patrimoine.

Avec les Savanturiers des villes, il est depuis novembre 2017 Mentor d’une classe de 6ème du collège Jean de Verrazane à Lyon.

 

Le sujet de la modélisation urbaine numérique n'est-il pas un peu trop compliqué pour une classe de 6ème ?

Étonnamment non ! Les résultats sont assez visuels donc les élèves arrivent très vite à sentir ce que modélisation urbaine numérique peut vouloir dire ainsi que les nombreuses applications possibles. Ils sont aussi très régulièrement en contact avec les technologies numériques et donc très à l'aise avec ces technologies. Enfin, ils sont réactifs, spontanés et parfois très étonnants.

©Isabelle Bonnet-Murray

Quel est le projet de votre classe ?

Le sujet d'étude de cette classe de 6ème du collège Jean de Verrazane à Lyon est la ville de demain. Le projet est de proposer des aménagements urbains et des innovations technologiques pour construire la ville de demain en ayant en tête les différents enjeux actuels (écologie, mobilité en ville, alimentation, etc.). La classe travaille en plusieurs groupes, chacun sur un thème de leur choix (par exemple : la nature en ville, la gestion des déchets via la mise en place de "poubelles intelligentes", l'agriculture en ville, etc.). Les élèves ont également choisi un lieu d'expérimentation qui est la place Ferber à Lyon, place où est situé leur collège.

©Isabelle Bonnet-Murray

Comment nourrissez-vous la réflexion des élèves de cette classe ?

Les élèves ont énormément d'idées très intéressantes. Mon rôle, avec l'enseignant qui est très présent sur cette partie, est de les amener à organiser toutes ces idées pour éviter leur dispersion.  Il est aussi parfois nécessaire de les aider à avoir une démarche scientifique et à s'y tenir tout au long du projet.

Concrètement comment se déroule cette relation de parrain/mentor ?

Il y a d'abord eu une phase de préparation du projet en amont avec l'enseignant au cours de laquelle nous avons discuté des sujets possibles, des modalités d'échange, de l'organisation du projet, de la définition du calendrier, etc. Ensuite, je suis intervenu assez tôt en classe pour présenter le métier de chercheur de mon point de vue de doctorant en informatique ainsi que la démarche scientifique ; c'était pour moi une étape très intéressante car j'ai pu interagir avec les élèves. Nous en avons aussi profité pour poser les bases du projet tous ensemble. Depuis, j'échange régulièrement avec l'enseignant qui me tient au courant de l'avancée, on discute des étapes suivantes et de temps en temps j'échange avec les élèves par skype, téléphone ou en présentiel.

Le projet n'est pas encore fini et j'aimerai aller en classe encore au moins une fois, surtout pour la préparation de la conférence de fin de projet dans le cadre du Congrès des Jeunes chercheurs en juin qui constitue une étape à part entière des projets de recherche menés par des élèves de maternelle, primaire, collège et lycée.

Quels sont les ingrédients pour être un "bon" mentor ?

A mon avis, il faut être présent sur la partie organisation du projet (calendrier, étapes importantes, objectifs, aide à l'organisation du travail collectif, etc.). Cela se fait principalement en amont du projet avec l'enseignant puis ensuite de temps en temps au cours du projet. Il faut par contre essayer d'être le moins présent possible sur la production de contenu et laisser les élèves avoir et creuser leurs propres idées.

©Isabelle Bonnet-Murray

Qu'est-ce que cela vous apporte dans votre vie de jeune chercheur ?

Cela me permet d'une part d'avoir une ouverture vers d'autres types de publics et de présenter mes travaux à des jeunes pour leur transmettre mon intérêt pour les sciences et pour la recherche, occasion que je n'aurai probablement pas eu sinon. C'est aussi l'occasion de voir comment se passe l'enseignement à d'autres niveaux scolaires, en observant en classe ou en discutant avec Florian, l'enseignant de la classe de 6ème avec qui je travaille. C'est aussi de belles rencontres et des moments agréables avec des membres de l'équipe des Savanturiers, avec l'enseignant et bien sûr avec les élèves.

©Isabelle Bonnet-Murray

Pensez-vous être un modèle d'identification qui permet aux élèves de mieux se projeter dans des métiers d'avenir ?

Je ne sais pas si on peut aller jusque là mais en tout cas le fait d'interagir avec les mentors leur permet de poser des questions sur le métier de chercheur et sur le parcours scolaire pour y arriver. Dans mon cas, le fait d'être un mentor relativement jeune leur permet peut-être de mieux se projeter. Enfin, ce projet peut leur permettre d'appréhender différemment les sciences et pourquoi pas développer un intérêt pour celles-ci.