« Du jardin à l’assiette ? » Jardins urbains et pratiques de production agricole dans l’environnement des villes

13 février 2017, 9h30-14h00 – ISH – Salle Elise Rivet, 14 av. Berthelot Lyon 7e

3ème journée d’étude de l’axe « Environnement urbain » de l’Institut des Sciences de l’Homme

Les jardins urbains connaissent une nouvelle étape de développement actuellement. Il s’agit souvent de jardins collectifs, parfois associés au problème de l’agriculture en ville et qui posent donc d’autres enjeux que le parc d’agrément et de loisirs hérité de la ville haussmannienne. D’un point de vue du métabolisme urbain, le jardin nourricier suppose un contrôle de la qualité environnementale assurant les conditions de développement des végétaux. Se pose en particulier la question de la réaffectation de sols au préalable utilisés pour l’habitation, l’artisanat ou l’industrie, dans une perspective de ville constamment en train de se refaire sur elle-même. Peut-on sanctuariser des terres urbaines, peut-on au contraire parler de remédiation biologique ou chimique des sols ? Comment les SHS abordent-elles un objet qui fait intervenir des sciences du sol, l’agronomie, ou encore la géochimie ?

Mais le jardin urbain collectif instaure aussi un rapport particulier à la qualité de vie en ville. Les jardins partagés développés dans un cadre de politique de la ville et comme producteurs de liens sociaux, sont aujourd’hui interrogés sur la manière dont ils peuvent participer d’une autosuffisance alimentaire. Il s’agit alors de comprendre d’une part, comment les jardins sont traversés, co-construits par des politiques publiques autour de questions sur la sécurité alimentaire, le développement durable des villes. D’autre part, les jardins sont aussi des espaces qui se construisent à la rencontre de différents mondes. Certains jardiniers portent l’écologisation des pratiques (agro-écologie, permaculture), de sorte que les jardins sont investis comme des espaces porteurs d’alternatives. D’autres se positionnent davantage sur une vocation plus sociale, le jardin est alors un espace qui participe de la citoyenneté locale et de la constitution d’un territoire commun. Les relations multi-acteurs dans lesquelles prennent place les jardins urbains via les jardiniers, les associations d’accompagnement, les politiques publiques revisitent le problème des relations entre l’objectif des jardins de créer du lien social d’un côté, et le besoin plus fondamental de produire des légumes pour les manger de l’autre, et s’intéressent aux modes de gouverner collégiaux. Les jardins sont ainsi devenus objets d’enjeux et de stratégies multiples.

 

Intervenantes :
Béatrice Maurines
, maître de conférences en sociologie, Université Lyon 2, Centre Max Weber

Elisabeth Rémy, Sociologue à l’INRA-AgroParisTech, UMR SAD-APT, Paris.

Inscription avant le 3 février 2017 auprès de : florian.charvolin@gmail.com

 
©C. Bouloc